Blandine Poirier : Morale et politique dans l'oeuvre de Germaine de Stael (1785-1818)
Sous la direction du Pr. Florence Lotterie, CERILAC
Plusieurs études ont mis en lumière l'apport de la pensée de Germaine de Staël au libéralisme, soit comme impulsion, soit matrice féconde d'un « libéralisme du sujet » (Lucien Jaume). Ce travail vise à mettre en lumière la genèse de telles conceptions, en mettant en valeur le duo notionnel de morale et politique dans l'ensemble de l'oeuvre de Staël. Cette thèse montre que les rapports qu'entretiennent ces deux sphères structurent la totalité des textes staëliens, depuis les écrits de jeunesse jusqu'aux Considérations sur les principaux événements de la Révolution française : ce couple de notions se révèle dès lors pertinent pour montrer comment Staël pense la possibilité de la morale en politique - tant comme principe de l'action publique que comme but, à savoir ce qu'il faut faire naître dans les gouvernés -, et comment l'Histoire et les bouleversements de la modernité politique influencent sa conception même de la morale. Ainsi, la notion de morale selon Germaine de Staël évolue tout au long de son oeuvre : l'expérience de la réalité des temps nouveaux la mène à transformer sa vision de la morale, de sa possibilité et de ses domaines d'application. La première partie montre combien la Révolution française et le déchaînement des passions qu'elle entraîne dans son sillage saisissent Germaine
de Staël, qui affronte avec courage la réalité de cette violence politique inédite. La deuxième partie s'intéresse à l'espoir républicain manifesté dans les textes des années 1794-1800 : après la chute de Robespierre, il devient envisageable de créer de véritables institutions républicaines, fondées sur la philosophie et la morale. La troisième partie examine comment le despotisme napoléonien conduit Staël à faire du for intérieur un refuge pour l'âme qui ne trouve plus à exercer sa sympathie envers autrui. Il s'agit alors de résister, en soi-même, mais aussi comme nation, au pouvoir amoral et cynique de l'Empire.
Composition du jury :
- LOTTERIE Florence, PU, Université de Paris
- GENAND Stéphanie, PU, Université de Bourgogne
- ROSSET François, PR, Université de Lausanne
- PETITIER Paule, PU, Université de Paris
- SALAÜN Franck, PU, Université de Montpellier